Bruxelles, avril 2012
S’engager véritablement pour les jeunes : l’emploi de qualité doit être la priorité des priorités.
La CES alerte sur la situation d’urgence à laquelle est confrontée la jeunesse européenne aujourd’hui. Ce sont plus de 5,5 millions de jeunes qui sont au chômage et près de la moitié qui occupent des emplois précaires. Cette situation est amplifiée par la dégradation économique et sociale due à la crise. Cette situation est intenable. Les jeunes ont besoin de garanties pour assurer leur avenir. Des politiques sont indispensables afin d’améliorer la situation des jeunes et notamment l’emploi de qualité. Ces politiques impliquent des moyens financiers à la hauteur du défi. Le syndicat européen refuse la fatalité d’une génération sacrifiée. Des alternatives existent. Des politiques actives du travail s’imposent en coopération avec les partenaires sociaux. C’est l’avenir des sociétés européennes qui est en jeu.
Aborder la question de l’emploi des jeunes, et donc de leur autonomie, revient à traiter de leur préoccupation principale. L’accès à l’emploi et la lutte contre le chômage correspondent à une inquiétude fondamentale des jeunes Européens, et pour cause, ils conditionnent le développement de leur vie.
L’approche des jeunes est pragmatique, logique et de bon sens : ils souhaitent s’épanouir, se former, avoir un emploi de qualité, un logement. Des aspirations qui ne se retrouvent pas ou plus dans la réalité. Plus de 5,5 millions de jeunes sont au chômage et près de la moitié occupent des emplois précaires : une situation amplifiée par la crise et dénoncée depuis des années par la CES.
En 2010, 42.1% des jeunes Européens étaient en contrat à durée déterminée, 30% en temps partiel involontaire et 12% considérés comme pauvres.
Dans ce contexte, la CES accueille l’initiative de la Commission européenne comme un premier pas dans la bonne direction. Cependant, toute politique envers la jeunesse nécessite des moyens financiers à la hauteur du défi. Les jeunes ne peuvent pas se contenter d’effets d’annonce.
À un moment où les jeunes se mobilisent massivement, en mouvements d’indignés, partout en Europe, la CES rappelle qu’ils ne peuvent et ne doivent pas être considérés comme une variable d’ajustement du marché du travail.
Les trois principes de « sécurité, stabilité et surtout qualité » de l’emploi doivent redevenir les piliers qui sous-tendent les mesures mises en place.
Des politiques actives du marché du travail s’imposent, en coopération avec les partenaires sociaux. Ces politiques doivent garantir la création d’emploi de qualité et prévenir tout risque d’exclusion sociale et de discrimination des jeunes.
De plus, il est fondamental d’assurer un accès à une éducation de qualité véritablement ouverte à tous les citoyens. En effet, même s'ils ne l'évitent pas, une formation adaptée et un diplôme restent les meilleurs remparts contre le chômage pour les jeunes.
Elles doivent également répondre à l’impératif de solidarité entre les générations et ne pas opposer les groupes les uns aux autres ou en favoriser un au détriment de l’autre.
Pour la CES, l'approche qui vise à placer la flexicurité au cœur des pistes à explorer pour pallier la segmentation du marché du travail pour ce groupe d’âge, est à la fois risquée et inadaptée. En effet, la situation décrite ci-dessus ne fait que lister les différentes difficultés et instabilités que vivent les jeunes. Dans un contexte où la flexibilité s'impose à eux de manière unilatérale, l'accent doit être mis avant tout sur la dimension de sécurité afin de rééquilibrer les conditions de vie et d'emploi.
De plus, il est indispensable d’associer politiques et mesures afin d’améliorer la situation des jeunes et surtout de les envisager dans une concertation et un dialogue permanent. Ainsi, des initiatives du type ‘Pacte européen pour la jeunesse’ (soutenu par les partenaires sociaux) ou ‘Youth on the move’ et maintenant ‘Youth initiative’ ne doivent pas rester lettre morte. Leur mise en œuvre concrète doit s'imposer aux Etats membres et les financements appropriés doivent être déployés.
Pour la CES, nous devons :
- Mettre en place des mesures pour prévenir l’abandon scolaire des jeunes ;
- Inciter tous les gouvernements à garantir un accès à une éducation de qualité véritablement ouverte à tous les citoyens sans discrimination ;
- Accroitre le soutien à l'orientation des jeunes afin de leur permettre de choisir une voie et une carrière en toute connaissance de cause. Le jeune doit pouvoir savoir quelles seront les chances de débouchés avant de se lancer dans une quelconque filière ;
- Promouvoir et poursuivre l’engagement pour la charte de qualité pour des stages et l’apprentissage en Europe, soutenue par la CES ;
- Mettre en place une garantie pour les jeunes en Europe en s’assurant que chaque jeune se voit offrir, dans une durée déterminée, une formation ou un emploi;
- Garantir la création d’emploi de qualité pour les jeunes ;
- Assurer les financements de telles initiatives via le Fonds social européen sans cofinancement exigé pour les pays en difficulté et avec un monitoring réel.
La CES ne se résout pas aux qualificatifs de « génération perdue, sacrifiée ou jetable ».
Tous les acteurs doivent se mobiliser et faire face à leurs responsabilités. La jeunesse (et l’espoir que l’on doit y placer) n’est pas partie du problème mais bien de la solution.
Dans le cadre du programme de travail 2012-2014 des partenaires sociaux européens, la CES a rappelé cet état d’urgence en s’engageant avec le patronat et en priorité pour la négociation d’un cadre d’actions sur l’emploi des jeunes.
Parier sur la jeunesse ne doit pas être un risque mais bien une garantie pour la construction européenne !
{{« Rien n’est trop difficile pour la jeunesse » … nous a dit Socrate…
A condition qu’on lui en donne les moyens !}}
Déclaration de la CES pour téléchargement
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