Une nouvelle mise en garde concernant la pénurie de main-d'œuvre en Europe, publiée aujourd'hui par le Forum économique mondial (WEF), montre pourquoi la Commission européenne doit faire de la mise en œuvre d'un plan pour des emplois de qualité une priorité.
Le rapport sur l'avenir de l'emploi en 2025 publié par le groupe d'entreprises indique que "les déficits de compétences et les pénuries de talents sur le marché du travail restent un obstacle majeur" à la réussite des entreprises européennes au cours des cinq prochaines années. Le rapport révèle que 54 % des employeurs s'attendent à une aggravation des pénuries de main-d'œuvre, ce qui est nettement supérieur à la moyenne mondiale, et que la principale priorité des personnes interrogées est le "financement de la requalification et de l'amélioration des compétences".
Les transitions verte et numérique ont rendu encore plus importante la collaboration des employeurs avec les syndicats par le biais de la négociation collective afin d'anticiper et de gérer le changement et de veiller à ce que les travailleurs reçoivent la formation dont ils ont besoin, raison pour laquelle la Commission devrait proposer une directive sur la transition juste.
Les recherches menées par l'Institut syndical européen ont également révélé que les pénuries sont dues à la mauvaise qualité des emplois, les secteurs qui ont le plus de mal à recruter des travailleurs payant en moyenne 9 % de moins que ceux qui sont le moins touchés par la pénurie de main-d'œuvre. La présidente von der Leyen l'a reconnu dans son discours devant le Parlement européen en novembre, en déclarant : "La productivité dépend de bonnes conditions de travail : "La productivité dépend de bonnes conditions de travail. D'un salaire équitable. D'un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée".
Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, a déclaré :
"Alors que certains patrons se rendent peut-être à Davos pour faire pression en faveur de politiques plus hostiles aux travailleurs, ce rapport montre que l'amélioration de la qualité des emplois en Europe est essentielle à la réussite de notre économie.
"L'amélioration de la qualité des emplois, l'augmentation des salaires et la promotion de la négociation collective doivent faire partie du plan de compétitivité européenne. Il est essentiel d'anticiper et de gérer le changement, de veiller à ce que les travailleurs soient parfaitement formés aux compétences dont les entreprises ont besoin et de faire en sorte que les entreprises offrent des salaires et des conditions qui leur permettent d'attirer et de conserver la main-d'œuvre dont elles ont besoin.
"À l'inverse, les études montrent que les emplois de faible qualité ont joué un rôle clé dans la création et l'aggravation des pénuries de main-d'œuvre qui nuisent à notre compétitivité ; c'est pourquoi il serait absurde de compromettre les normes du travail au nom de la compétitivité.
"C'est pourquoi il serait absurde de compromettre les normes du travail au nom de la compétitivité. Le rapport identifie les soins, les travaux agricoles, la conduite de véhicules de livraison et la construction comme des fonctions qui seront demandées au cours des cinq prochaines années, mais trop souvent, ce type de travail difficile n'est pas rémunéré de manière adéquate.
"Les emplois de qualité sont une aubaine pour les travailleurs et les entreprises. C'est pourquoi j'invite la Commission à faire des emplois de qualité un point cardinal du prochain "Compas de compétitivité" et à présenter un ensemble complet de mesures en faveur des emplois de qualité au cours du premier semestre de cette année.
"Le paquet sur les emplois de qualité doit inclure des initiatives législatives, des investissements et des programmes d'action nécessaires pour garantir des emplois de qualité dans tous les secteurs et toutes les régions, comme l'a demandé la CES dans sa lettre sur le prochain Compas de compétitivité.
Notes
Lettre de la CES à la Présidente von der Leyen sur le prochain Compas de compétitivité
