Les syndicats soutiennent l’interdiction européenne des produits issus du travail forcé

Une nouvelle interdiction européenne des produits issus du travail forcé est essentielle pour répondre à l’augmentation du nombre de victimes de l’esclavage moderne.

La Commission européenne a proposé d’exclure de la vente en Europe les produits identifiés comme résultant du travail forcé, que ce soit au sein de l’UE ou de pays tiers.

Cette proposition intervient deux jours après que l’Organisation internationale du travail (OIT) ait publié une nouvelle étude indiquant que 28 millions de personnes dans le monde sont soumises au travail forcé, y compris 3,3 millions d’enfants. Le rapport précise que « les personnes réduites au travail forcé sont davantage employées dans le secteur manufacturier ».

Ce sont 2,7 millions de personnes de plus qu’il y a cinq ans qui sont actuellement concernées par le travail forcé. Selon l’OIT, cette augmentation est notamment due à des interruptions de revenus et à une dégradation des conditions de travail durant la crise du Covid.

La CES a joué un rôle moteur dans l’élaboration de la proposition qui imposerait aux États membres de l’UE d’établir et de financer des autorités chargées de dépister les produits suspectés d’être issus du travail forcé. Pour aider à détecter et à éradiquer le travail forcé, l’UE devrait également faire en sorte d’inverser les diminutions substantielles du nombre d’inspections du travail intervenues au cours de la dernière décennie.

La proposition de la Commission reflète les recommandations détaillées présentées par la CES et accorde un rôle de premier plan aux syndicats qui seront ainsi à même d’alerter les autorités à propos de produits issus du travail forcé.

Le Secrétaire général adjoint de la CES Claes-Mikael Stahl précise :

« Le fait que le nombre de personnes soumises au travail forcé augmente au 21ème siècle est choquant et inacceptable. Il est évident que des patrons sans scrupules ont profité de la pandémie pour exploiter la vulnérabilité de certains travailleurs. »

« Il est aujourd’hui de la responsabilité de tous les gouvernements de renforcer les droits des travailleurs afin de répondre au signal d'alarme lancé par l’OIT. L’interdiction tant attendue de l’UE des produits issus du travail forcé chez nous et à l’étranger est une étape importante pour mettre fin à ce scandale et améliorer la vie des classes laborieuses partout dans le monde. »

« Un grand nombre des personnes réduites au travail forcé sont employées dans la fabrication de produits manufacturés destinés à la vente en Europe. La mise en place d’une interdiction efficace devrait permettre de durement affecter les bénéfices des criminels responsables de ces violations des droits humains. Les syndicats ont largement contribué à cette proposition et renouvellent leur volonté de travailler avec le Parlement européen et le Conseil pour assurer qu’elle soit à la hauteur des défis auxquels il faut faire face. »

 

Notes

ETUC Input to the Commission’s call for evidence for the initiative: “Effectively banning products produced, extracted or harvested with forced labour”

Photo: Creative Commons/ILO/A.Khemka