Les syndicats s'inquiètent vivement du manque de protection des travailleurs dans les propositions d'accord commercial entre l'UE et le Mercosur présentées par la Commission.
La CES a averti la Commission que ses propositions actuelles sur l'accord commercial UE-Mercosur ne permettraient pas de sanctionner efficacement les entreprises, même pour les violations les plus graves des droits des travailleurs.
La Commission européenne a affirmé que l'accord proposé avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay comprend "un niveau élevé de protection de l'environnement et du travail". Mais le texte ne contient aucune clause de travail applicable ni aucune sanction pour les entreprises qui violent les droits des travailleurs. Les plaintes aboutiront au mieux à un avis non contraignant d'un groupe d'experts.
C'est tout à fait insuffisant pour un accord avec des pays où, selon lapropre évaluation d'impact de la Commission , les gens sont soumis à des "conditions de travail proches de l'esclavage" et où les restrictions des droits des travailleurs "limiteront toute augmentation significative des salaires réels ou toute amélioration des conditions de travail" dans le cadre de l'accord de libre-échange.
En tant que tel, l'accord permettrait aux entreprises européennes d'investir dans des pays caractérisés par des conditions de travail dangereuses et l'exploitation des populations indigènes.
En l'état, l'accord est une source de concurrence déloyale qui aura des conséquences négatives sur les moyens de subsistance, les salaires, les conditions de travail et l'emploi des travailleurs dans des secteurs clés de l'économie de l'UE.
L'accord n'est pas à la hauteur en termes de processus démocratique et de légitimité, d'impact sur l'économie et l'emploi en Europe, de durabilité et de diversification des échanges.
Claes Mikael-Stahl, secrétaire général adjoint de la Confédération européenne des syndicats, a déclaré :
"La CES a suivi ces négociations depuis le début et la principale préoccupation a toujours été la protection des travailleurs. Le résultat n'a pas apaisé cette préoccupation.
"Le commerce devrait contribuer à améliorer les conditions de travail et de vie de tous, et pas seulement les dividendes des actionnaires des entreprises. L'étude d'impact réalisée par la Commission elle-même montre que l'accord avec le Mercosur ne permettrait pas d'atteindre cet objectif et qu'il convient d'y opposer son veto.
"La Commission fait semblant de s'intéresser aux droits des travailleurs parce qu'elle sait que les conditions de travail dans les pays du Mercosur laissent beaucoup à désirer, mais le fond du problème est que l'accord ne prévoit même pas les sanctions les plus élémentaires pour les entreprises qui violent les droits des travailleurs.
"Cet accord permettrait aux multinationales européennes d'extraire les richesses minérales des pays du Mercosur aux dépens des communautés locales, qui seront contraintes de travailler dans des conditions dangereuses et verront leur environnement détruit.
"L'Europe doit diversifier ses chaînes d'approvisionnement, mais ne doit pas le faire au détriment des droits des travailleurs et de la concurrence loyale.
Nous devons nous éloigner de la logique du "prix le plus bas, profit le plus élevé" et construire le multilatéralisme à travers des accords basés sur les droits, la durabilité, la démocratie et les bénéfices partagés.
