La Confédération européenne des syndicats (CES) a écrit au Président du Kazakhstan et au Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères afin de réclamer justice pour Larisa Kharkova, une dirigeante de la Confédération des syndicats indépendants du Kazakhstan (CNTUK) condamnée fin juillet à 100 heures de travaux forcés, à quatre ans de restriction de sa liberté de mouvement et à l’interdiction pendant cinq ans d’occuper toute fonction au sein d’une organisation publique ou non gouvernementale.
Dans sa lettre au Président Nazarbaev, copiée à Federica Mogherini, Luca Visentini, Secrétaire général de la CES, explique que la sentence prononcée par le tribunal du district d’Enbekshinskiy « intervient après sept mois d’interrogatoires quasi quotidiens et de pressions psychologiques soutenues sur Kharkova pendant lesquels celle-ci a été constamment suivie par des agents de la sûreté de l’état ».
Ce jugement fait suite à l’arrêt des actions de protestation, y compris une grève de la faim, des travailleurs de la Compagnie de construction pétrolière du Kazakhstan (OCC) et la condamnation du leader du syndicat du site de l’OCC, Amin Eleussinov, et du Vice-président de la CNTUK, Nurbek Kushakbaev, inspecteur du travail à l’OCC, à des peines de prison inconditionnelles de respectivement deux ans et deux ans et demi.
La CES demande que :
- toutes les charges contre Larisa Kharkova, Nurbek Kushakbaev et Amin Eleussinov soient abandonnées ;
- la CNTUK soit reconnue comme syndicat légal ;
- la garantie soit donnée aux travailleurs de pouvoir se constituer en syndicat ou d’adhérer à un syndicat de leur choix.
L’UE – important partenaire commercial du Kazakhstan – a déjà exprimé des inquiétudes cette année auprès du gouvernement kazakh à propos de la fermeture de la Confédération des syndicats indépendants du Kazakhstan et de l’arrestation de syndicalistes et a assuré la CES qu’elle suivra les procédures judiciaires à l’encontre des syndicats et qu’elle soulèvera également la question auprès du ministre kazakh des affaires étrangères.
« Si le Kazakhstan veut être considéré comme un partenaire fiable par l’UE, il doit cesser d’abuser de la loi pour réduire les activistes syndicaux au silence et dissuader les travailleurs d’adhérer à un syndicat de leur choix », a déclaré Luca Visentini. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour inciter l’UE à agir pour promouvoir les droits du travail au Kazakhstan. L’UE dit vouloir une politique commerciale plus responsable – il est temps aujourd’hui de montrer au monde qu’elle ne plaisante pas. Le commerce doit tenir compte des droits des travailleurs autant que des droits des investisseurs. »
« Je suis sûr que l’UE évoquera ces questions avec le gouvernement et le Président du Kazakhstan. »