Bruxelles, 28/10/2010
A l’approche du Sommet social tripartite, la CES en appelle aux politiciens et employeurs européens ainsi qu’aux banques centrales pour d’urgence tirer les leçons de la pire crise économique qu’a connu l’Europe occidentale depuis les années 1930. L’effondrement de l’économie en 2009 ne doit pas être minimisé en le considérant comme « un simple incident » mais doit au contraire être vu comme la résultante d’années de politiques économiques déséquilibrées.
« L’économie de marché » a systématiquement été élevée au-dessus de la démocratie et du « gouvernement », les bénéfices et les dividendes au-dessus des salaires, les contrats précaires au-dessus des emplois stables et la concurrence sauvage au-dessus de la coopération. Et, en remplaçant justes salaires et emplois stables par bulles de dettes et de prix d’actifs comme moteurs de la demande et de la croissance, nos économies se sont précipitées dans une récession financière.
L’Europe ne tient pas compte de ces leçons. Au lieu de rééquilibrer les politiques se concentrant sur le court terme par des politiques concurrentielles à plus long terme et en faveur des travailleurs, la Commission essaie maintenant d’imposer une politique de déflation massive. La gouvernance économique telle qu’actuellement proposée par la Commission n’est rien d’autre que réductions, réductions et encore réductions : réductions des salaires et de l’emploi, réduction de la protection contre les licenciements faciles, réductions des prestations sociales et des services publics. Les travailleurs sont confrontés à tous les coûts énormes de la crise.
La CES met en garde contre la répétition des erreurs politiques du passé. Précariser et laisser les travailleurs sans défense les forcera à accepter d’autant plus facilement des réductions salariales et de plus mauvaises conditions de travail. Et, tandis que souffrent les travailleurs, les dirigeants et les gros actionnaires profiteront de bonus et de dividendes en hausse. A terme, la combinaison de l’austérité salariale et fiscale et des inégalités grandissantes risque d’entraîner l’économie dans une nouvelle récession, voire dans une spirale déflationniste.
Selon la CES, la gouvernance économique ne doit pas transformer l’Europe en « Père Fouettard » mais bien être utilisée pour rassembler et agir ensemble. Il s’agit de coordonner un développement commun de la demande afin de favoriser simultanément la croissance et l’emploi. De s’associer pour émettre des obligations européennes de croissance pour aider tous les états membres à faire face à l’irrationalité des marchés financiers mondiaux, et de percevoir des taxes sur les transactions financières. Il s’agit encore d’empêcher les états membres de s’appauvrir mutuellement en essayant de sortir de la crise par le dumping social, la concurrence fiscale et la concurrence déloyale au sein du marché unique.