Les résultats du Sommet de Bratislava sont bien loin de répondre aux attentes de la Confédération européenne des syndicats (CES) et de celles exprimées dans la déclaration commune des syndicats et des organisations de la société civile « Une nouvelle Europe pour les citoyens, la planète et la prospérité pour tous » (https://www.etuc.org/fr/presse/une-nouvelle-europe-pour-les-citoyens-la-plan%C3%A8te-et-la-prosp%C3%A9rit%C3%A9-pour-tous#.V-vC2yRSFMg).
La déclaration et la feuille de route de Bratislava sont aussi remarquables par ce qu’elles ne disent pas que par les quelques choses vagues qu’elles mentionnent.
Brillant par son absence dans la déclaration et la feuille route, on relèvera le manque total de reconnaissance de :
- La réalité économique d’une croissance anémique et d’une reprise très lente, du niveau élevé de chômage, des inégalités et de la pauvreté ou de la nécessité de changer d’orientation économique ou même de réviser le bien mal nommé « Pacte de croissance et de stabilité » ;
- La nécessité d’augmenter les investissements publics dans des services de qualité et de consacrer en priorité les fonds d’investissement européens aux industries ayant le potentiel de croissance durable et de création d’emplois de qualité le plus élevé ainsi qu’aux pays et régions qui ont le plus besoin d’investissements, y compris par le biais d’une imposition équitable des entreprises multinationales ;
- L’urgence d’une augmentation salariale pour les travailleurs européens pour stimuler demande économique et croissance durable (et aplanir les différences de salaires par des augmentations plus importantes dans les pays et les secteurs, comme parmi les travailleurs, qui connaissent des niveaux de rémunérations plus bas) en encourageant pour y parvenir la négociation collective et le relèvement du salaire minimum ;
- La proposition de socle des droits sociaux ou d’ailleurs toute nouvelle initiative visant à lutter contre « l’insécurité sociale » au-delà de ce que contient déjà l’agenda limité de l’UE ;
- Tous les problèmes de partenariat avec la Turquie destiné à maintenir les réfugiés hors d’Europe alors que ce pays est responsable de violations généralisées des droits humains et démocratiques à l’intérieur même de ses frontières et a à l’évidence son propre agenda dans le conflit syrien ;
- La nécessité d’appliquer les décisions concernant la réinstallation des réfugiés au sein de l’UE ou, pour l’UE, d’assumer ses obligations internationales envers les réfugiés.
La CES note que la feuille de route rejette la réalité d’un chômage de masse des jeunes, de la pauvreté et de la perte d’espoir parmi les citoyens comme étant « des craintes… liées à l’insécurité économique et sociale ».
Le manque d’ambition et d’accord est évident dans la déclaration qui soutient que l’UE « a la volonté et la capacité d’offrir à nos citoyens… la vision d’une UE attirante… dans les prochains mois ».
La CES attend davantage qu’une vision et compte sur des propositions précises pour améliorer les politiques économiques afin de s’attaquer au chômage et aux inégalités et de relever le niveau de vie de tous les travailleurs ainsi que pour la création de droits nouveaux et de politiques sociales progressistes.
La CES pense que les actions prévues dans la feuille de route peuvent encore remédier aux crises auxquelles l’Europe est confrontée si les responsables européens font preuve de plus d’unité et de davantage d’ambition pour une Europe plus sociale dans leurs prises de décision que lors de ce décevant Sommet de Bratislava.
La CES continuera donc à faire pression en faveur des nécessaires changements d’orientation politique aux niveaux européen et national comme déjà convenu au Congrès de la CES et dans le plan d’action adopté par son Comité exécutif.