Bruxelles, 06/02/2008
Les syndicats se félicitent de la décision de la Commission des Nations unies de se centrer sur « le plein emploi productif et le travail décent » en tant que priorité pour 2007-2008. Les tendances alarmantes dans l’emploi mondial résultant des bouleversements en cours dans les marchés mondiaux et la menace d’une récession économique –dont il est mention dans le nouveau Rapport mondial sur l’emploi 2008 de l’Organisation internationale du travail (OIT) – réclament une action urgente.
Une délégation syndicale forte d’une vingtaine de membres se trouve actuellement à New York pour insister auprès de la Commission des Nations unies qu’il est primordial qu’elle adopte une résolution sans complaisance, identifiant le travail décent comme un objectif central, à intégrer de manière systématique à toutes les politiques sociales, économiques et de développement, tant à l’échelon national, régional qu’international.
Si la croissance mondiale des dernières années a contribué à générer de nouveaux emplois, ceux-ci sont généralement faiblement rémunérés et de basse qualité. Il en résulte qu’un grand nombre de travailleuses et de travailleurs pauvres sont, aujourd’hui, incapables de subvenir à leurs besoins de base et à ceux de leurs familles. Il est estimé que 195 millions de personnes dans le monde seront au chômage en 2008.
Pour l’heure, le manque critique de cohérence politique au sein des systèmes financiers et commerciaux internationaux entrave le progrès. Ceci se vérifie, notamment, dans les exigences excessives imposées aux pays en développement lors des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur l’accès aux marchés.
Les politiques devraient accorder une place centrale à la création d’emplois de qualité, à l’éducation et au développement des compétences, pour répondre au chômage des jeunes et permettre aux gens d’échapper au piège du travail précaire ou informel – qui touche principalement les femmes. Les ressources financières sont la clé du succès. Celles-ci doivent être réunies au travers de régimes fiscaux progressifs et du financement de la coopération au développement. D’autre part, le travail décent implique le plein respect des droits des syndicats d’organiser les travailleurs et de mener des négociations collectives, une leçon d’autant plus importante pour les gouvernements dès lors que les syndicats jouent un rôle central en faveur de l’égalité des revenus, en luttant contre la pauvreté et en augmentant le pouvoir d’achat des travailleurs à faible revenu.
« Les gouvernements de l’Union européenne et d’ailleurs devraient s’engager à intégrer l’agenda pour le travail décent systématiquement et à titre de priorité à l’ensemble des politiques macroéconomiques et aux cadres d’aide au développement aux échelons national, européen et international », a déclaré John Monks, secrétaire général de la CES.
« Il est d’importance critique que la Commission de l’ONU parvienne à tomber d’accord sur une résolution effective qui galvanise les efforts visant à l’abolition de la pauvreté au travers du plein emploi et de la génération d’emplois de qualité. Le travail décent pour tous doit constituer une priorité universelle pour toutes les institutions internationales et les agences de l’ONU », a souligné Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.
« Il convient d’accorder systématiquement la priorité à ces objectifs et il incombe aux institutions chargées de la gouvernance aux niveaux mondial et régional de s’engager explicitement en faveur de l’intégration des objectifs du travail décent dans leurs politiques et leurs activités », a déclaré John Evans, secrétaire général de la TUAC.