Les chiffres publiés aujourd'hui par Eurostat, qui montrent que les bas salaires piègent les jeunes dans la pauvreté, démontrent pourquoi les États membres doivent soutenir une directive sur les stages plus forte.
Les données montrent que 19,2 % des personnes âgées de 15 à 29 ans étaient menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale en 2024, soit trois points de pourcentage de plus que le taux de pauvreté de la population générale.
Toutefois, la proportion de jeunes dans les ménages ayant ce qu'Eurostat qualifie de "très faible intensité de travail "* n'est inférieure que de 0,3 point de pourcentage (8,2 % contre 7,9 % pour l'ensemble de la population). Cela signifie que les jeunes sont dix fois plus susceptibles d'être en situation de pauvreté bien qu'ils travaillent.
1028 euros par mois
Ces données sont publiées dans le cadre des négociations entre les États membres sur la directive relative aux stagiaires proposée par la Commission en mars dernier. Jusqu'à présent, la proposition du Conseil est loin d'être à la hauteur de l'action requise pour lutter contre l'exploitation des jeunes sur le marché du travail.
La Confédération européenne des syndicats (CES) a écrit aux ambassadeurs des Etats membres pour leur demander de soutenir une rémunération équitable pour tous les stagiaires et des garanties pour empêcher le remplacement des emplois de débutants par des stagiaires non rémunérés ou sous-payés.
L Eurobaromètre a révélé que plus de la moitié des jeunes doivent effectuer plus d'un stage avant d'obtenir un emploi permanent. Les frais de subsistance de base nécessaires pour effectuer un stage non rémunéré s'élèvent à au moins €1028 par mois, selon une étude réalisée pour le Forum européen de la jeunesse.
Commentant les chiffres publiés aujourd'hui, Tea Jarc, secrétaire confédérale de la CES, a déclaré :
"Les données officielles de l'UE montrent que les jeunes sont maintenus dans la pauvreté en raison des bas salaires alors qu'ils travaillent aussi dur que les autres. Il incombe donc aux responsables politiques de prendre des mesures pour empêcher que les jeunes ne soient utilisés comme main-d'œuvre bon marché, voire gratuite.
"La directive sur les stages actuellement en cours de négociation est une occasion de mettre un terme à l'exploitation des jeunes que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer compte tenu des données actuelles.
"Permettre la poursuite de stages non rémunérés ou sous-payés, c'est non seulement maintenir les jeunes dans la pauvreté aujourd'hui, mais c'est aussi creuser les inégalités en s'assurant que seuls les plus riches peuvent se permettre de saisir les opportunités qui mènent à des emplois de qualité à l'avenir.
"Le Parlement européen a toujours voté en faveur de stages correctement rémunérés et la Commission a également fait sa part pour mettre fin à la spirale de la précarité à laquelle sont confrontés les jeunes. Le Conseil doit maintenant veiller à ce que des progrès soient accomplis.
"À une époque où les jeunes déclarent que le coût de la vie est leur principale priorité, le prix à payer sera élevé pour tous les politiciens qui empêchent une action qui les aiderait à sortir de la pauvreté.
Notes
Lettre de la CES aux ambassadeurs - La directive sur les stages ne protège pas suffisamment les travailleurs
* Selon Eurostat : "L'indicateur des personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail est défini comme le nombre de personnes vivant dans un ménage dont les membres en âge de travailler ont effectué un temps de travail égal ou inférieur à 20 % de leur potentiel total de temps de travail au cours de l'année précédente."