La crise de l'emploi industriel exige une directive sur la transition équitable

Une manifestation de travailleurs de l'industrie inquiets pour leur avenir, qui aura lieu à Bruxelles cette semaine, montre qu'il est urgent que la Commission européenne propose une directive sur les transitions justes.

Des milliers de travailleurs venus de toute l'Europe se joindront mercredi à une manifestation de IndustriAll Europe pour demander à l'Union européenne d'agir face à la crise qui frappe nos industries et qui a vu 100 000 personnes perdre leur emploi au cours des derniers mois dans des entreprises comme Audi, Volkswagen, Thyssenkrupp, ArcelorMittal et Northvolt.

Avant la manifestation, la Confédération européenne des syndicats (CES) organise aujourd'hui une conférence spéciale avec la Friedrich-Ebert-Stiftung afin de plaider pour que la Commission inclue une directive sur la transition juste dans l'accord industriel propre qu'elle lancera dans le courant du mois.

Anticiper le changement

La directive garantirait qu'aucun travailleur ni aucune communauté ne soit laissé pour compte en anticipant et en gérant le changement, au lieu de passer d'une crise à l'autre comme c'est le cas actuellement.

Elle devrait donner aux travailleurs le droit de se former pendant les heures de travail, à un moment où l'UE n'atteint pas de 60 % d'adultes en formation, et elle doit veiller à ce que les travailleurs bénéficient de la négociation collective, alors que de nombreux nouveaux emplois créés par la transition sont de moins bonne qualité. de moindre qualité que ceux qu'ils remplacent.

La CES demande que ces mesures soient associées à des mesures visant à résoudre la crise immédiate, telles qu'une politique industrielle européenne soutenue par un mécanisme d'investissement permanent de type SURE, et un moratoire sur les licenciements obligatoires.

Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, s'exprimera lors de l'événement :

"La crise des industries européennes a déjà coûté plus de 100 000 emplois au cours des derniers mois et elle s'aggravera rapidement si l'UE ne réagit pas aux préoccupations des travailleurs de l'industrie qui viendront manifester à Bruxelles cette semaine.

"Actuellement, les transitions verte et numérique ne parviennent pas à créer les emplois de qualité promis aux travailleurs. Au lieu de cela, les travailleurs sont confrontés à l'incertitude, à l'exclusion des décisions affectant leurs industries, et sont contraints d'accepter des emplois de moindre qualité.

"Une directive sur la transition équitable est essentielle pour garantir que les travailleurs façonnent la transition plutôt que d'en subir les conséquences. Elle permettrait aux entreprises de planifier le changement de manière proactive, au lieu de réagir uniquement lorsque des pertes d'emploi sont sur le point de se produire, et garantirait aux travailleurs le droit à une requalification rémunérée sur leur temps de travail.

"Une transition réussie n'est pas seulement une question d'équité, c'est aussi une question de capacité industrielle et de démocratie en Europe. Sans une planification et une formation adéquates de la main-d'œuvre, l'Europe risque de se laisser distancer par des concurrents comme les États-Unis et la Chine. Et sans une directive sur la transition équitable, la transition continuera à laisser les travailleurs sur le carreau et à renforcer l'extrême droite.

"C'est pourquoi la Commission doit agir maintenant pour mettre en place une directive sur la transition juste qui oblige les entreprises à anticiper et à gérer le changement en pleine coopération avec les syndicats.