Bruxelles, 27/01/2010
La crise financière et économique est intervenue sur un marché de l’emploi déjà fragilisé, marqué par la flexibilité des contrats de travail, par le chômage, une précarité et des inégalités importantes. Cette crise économique a déjà détruit cinq millions d’emplois en 2009, le chômage continue d’augmenter et nous sommes face à une crise sociale profonde. Or, nous constatons un retour vers des pratiques financières à risque et un discours politique qui prône la réduction des dépenses publiques, au nom du « Business as usual ».
Joël Decaillon, Secrétaire général adjoint de la CES qui mène la délégation dans le cadre de la Troïka sociale a déclaré : « Aujourd’hui ce sont les jeunes et les travailleurs les plus vulnérables qui font les frais de la crise économique. Notre message est clair : gare à la tentation de réduire les dépenses publiques. La priorité est d’abord la prolongation des dispositifs limitant les licenciements et la protection des chômeurs. Les économies ont toujours besoin d’être soutenues si on ne veut pas voir le secteur privé s’effondrer. L’Europe a besoin de développer sa propre stratégie de croissance verte ».
La délégation de la CES portera les revendications suivantes :
- Demander des garanties pour que tous les jeunes puissent bénéficier d’un emploi de qualité et d’une formation, afin d’éviter de connaître une génération sacrifiée.
- Investir dans la protection sociale et les dépenses publiques qui ont été essentielles pour éviter que la récession ne se transforme en dépression. Si nous étions en guerre, personne ne se préoccuperait de l’état des dépenses publiques et du montant des dettes. C'est le cas de la politique budgétaire des États-Unis. Nous considérons que les gouvernements doivent continuer à soutenir les économies et maintenir la protection sociale. Les sommes affectées aux dépenses sociales ne sont pas des coûts mais des dépenses collectives couvrant des besoins essentiels : santé, retraites, éducation. Elles servent aussi à développer les entreprises.
- La question des salaires et du pouvoir d’achat est également cruciale. La CES demande à ce que l’on empêche les tentations de fortes pressions au blocage des salaires.
- La CES demande des investissements dans des politiques industrielles fortes et des politiques de recherche et d'innovation. Le chantier de la formation, et de la recherche doit être repris pour assurer le plein emploi de qualité. Cela devrait être une des priorités de la stratégie européenne 2020. L’Europe ne peut plus essentiellement miser sur une croissance qui se fait à l’extérieur de ses frontières. Elle doit en revanche développer sa propre stratégie de croissance, sur la base d’une croissance verte. Le changement climatique induit de nouveaux choix qui doivent dicter les grandes lignes des politiques industrielles. Pour cela, il faut des politiques de long terme qui investissent sur l’avenir et en finir avec la culture du court-termisme financier.
- L’Europe a besoin de plus de solidarité budgétaire et fiscale en réglementant efficacement les marchés financiers pour éviter qu’une telle catastrophe ne se reproduise, car, rappelons-le, la crise économique ne vient pas de nulle part. La CES demande une taxe sur les transactions financières pour financer la croissance verte.
La CES assurera un suivi de ses demande de garanties à l’occasion du Conseil européen informel du 11 février et du Sommet de Printemps des 24 et 25 mars.